La France a connu ces derniers mois une série inquiétante d’attaques et d’enlèvements visant des crypto-entrepreneurs et leurs proches. Tous les incidents ont un objectif commun : le paiement d’une rançon. Certaines attaques se sont terminées avec succès pour leurs auteurs, ce qui a suscité une telle inquiétude qu’une intervention au niveau du ministère de l’intérieur s’est avérée nécessaire.
Le 16 mai, le ministre français de l’intérieur, Bruno Retailleau, a réuni les dirigeants des sociétés de crypto-monnaies pour une réunion spéciale. L’occasion était le récent enlèvement, presque réussi, de la fille et de la petite-fille de Pierre Noizat, cofondateur de la bourse de crypto-monnaies Paymium. Le 13 mai au matin, à Paris, une femme accompagnée de sa fille de deux ans a été attaquée par des inconnus, mais son mari et des passants ont pu empêcher le crime.
Ce n’est pas le premier cas de ce genre. En janvier 2025, David Balland, cofondateur de Ledger, et sa femme ont été enlevés. Les ravisseurs ont exigé 10 millions d’euros, ont menacé de les tuer et ont même coupé le doigt de Balland pour prouver qu’ils étaient sérieux. La police a pu libérer la victime, mais seulement après le versement d’une partie de la rançon, qui a ensuite été partiellement restituée.
L’histoire de Balland n’est pas le seul incident. En août 2023, le père de Killian Desnos, un streamer de poker français connu pour ses activités sur YouTube et Twitch, a été kidnappé. Des vidéos menaçantes et des demandes de rançon ont incité Desnos à payer, et son père a été libéré. Il est intéressant de noter que l’un des ravisseurs s’est avéré par la suite être également impliqué dans l’enlèvement de Balland, bien qu’il ait été placé en détention au moment de l’organisation.
Le ministre Retailleau n’a pas mâché ses mots : ces affaires ne sont pas des épisodes isolés. Selon lui, il existe un groupe criminel qui agit de manière ciblée et professionnelle. Les commanditaires des attentats trouvent des exécutants parmi les jeunes criminels qui reçoivent des instructions via Telegram et Signal. Souvent, ces auteurs ne disposent pas des compétences nécessaires, ce qui explique l’échec fréquent des tentatives d’enlèvement.
La facilité avec laquelle les criminels trouvent leurs cibles est particulièrement préoccupante. Tout d’abord, en raison de fuites importantes de données personnelles de clients de sociétés de crypto-monnaies, des informations sur les comptes et les adresses circulent sur l’internet. Deuxièmement, les registres publics français des entreprises comprennent souvent les adresses des propriétaires. Troisièmement, de nombreux crypto-riches augmentent eux-mêmes le risque en affichant un style de vie somptueux sur les réseaux sociaux et en négligeant les mesures de sécurité de base.
La France n’est pas le seul pays à être confronté à une telle menace. En juillet 2024, le crypto-milliardaire australien Tim Heath a fait l’objet d’une tentative d’enlèvement en Estonie et, en septembre de la même année, un gang de 12 membres a été condamné aux États-Unis pour avoir systématiquement ciblé les propriétaires d’importantes économies en crypto-monnaies, leur arrachant leurs mots de passe sous la menace et la torture.
La richesse croissante du secteur des crypto-monnaies ne génère pas seulement des opportunités économiques, mais aussi de nouvelles formes de violence. Alors que la technologie progresse rapidement, la sécurité n’a pas suivi.
