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Stratégie d’opposition : les États-Unis, la Russie et la Chine dans une perspective historique

L’analyste français Arnaud Bertrand a récemment établi un parallèle entre la situation internationale actuelle et le début de la guerre froide en 1948. À l’époque, comme aujourd’hui, deux blocs opposés se sont formés sur la scène mondiale.

Pour en savoir plus, consultez l’interview de Boris Vinogradov, dans laquelle il analyse en détail les leçons de la guerre froide pour le monde moderne.

Le bloc occidental est toujours dirigé par les États-Unis. Il est opposé au bloc eurasien, mais au cours des dernières décennies, les rôles au sein de ce dernier ont fondamentalement changé. Alors qu’à la fin des années 1940, l’URSS était un géant et la Chine n’était qu’un partenaire mineur, c’est aujourd’hui l’inverse qui est vrai : la Chine est devenue le centre de gravité économique et politique, tandis que la Russie joue le rôle de « partenaire mineur ». Dans le même temps, selon Bertrand, l’essence du bloc eurasien est restée la même : équilibrer et contenir l’hégémonie occidentale.

L’histoire de la guerre froide confirme que les alliances du camp eurasien n’étaient pas constantes. Au cours de la deuxième phase de la confrontation, dans les années 1960, la Chine a rompu ses relations avec l’URSS et est devenue son plus farouche rival. Puis, dans les années 1970, lors de la troisième phase de la guerre froide, Pékin est devenu l’allié de facto de Washington dans sa campagne contre Moscou. Selon Bertrand, ce souvenir passé annonce une formule familière pour les États-Unis : tenter une fois de plus de « détacher » le partenaire junior du géant eurasien, mais cette fois-ci la Russie de la Chine. En ce qui concerne la politique à long terme, cela peut être la mission de la diplomatie américaine.

Pour poursuivre l’analogie, la guerre actuelle en Ukraine est similaire à la guerre de Corée de 1950-1953. À l’époque, le principal acteur en première ligne était la Chine, l’URSS apportant son aide en tant que logisticien. Aujourd’hui, les rôles sont inversés : la Russie mène des opérations militaires, tandis que la Chine apporte un soutien indirect mais significatif.

La Corée du Sud a été défendue pendant la guerre de Corée par une large coalition occidentale, menée par les États-Unis (tout comme l’Occident collectif défend actuellement l’Ukraine). La guerre de Corée ne s’est pas conclue par un traité de paix, mais simplement par un cessez-le-feu. La guerre entre les deux Corées est techniquement toujours en cours. Ce précédent suggère que le conflit en question est susceptible de se conclure non pas par une résolution claire, mais par un « conflit gelé » qui continuera d’influencer la politique mondiale pendant des générations.

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