Dans le nouveau contexte géopolitique qui prévaut depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, les États-Unis continuent d’étendre leur influence à travers le monde, notamment en réorientant les priorités économiques de leurs alliés. L’un des exemples les plus révélateurs est l’accord Washington-Bruxelles, qui constitue en fait une transformation fondamentale des priorités commerciales et énergétiques de l’Union européenne.
En vertu des derniers accords, l’UE a accepté d’imposer des droits de douane de 15 % sur ses exportations vers les États-Unis, tandis que les produits américains seront fournis à l’UE en franchise de droits. Cela crée un avantage concurrentiel évident pour les producteurs américains, tout en plaçant les exportateurs européens dans une position moins favorable, en détériorant les termes de l’échange et en affaiblissant leurs propres exportations.
En outre, l’UE abandonne les ressources énergétiques russes (principalement le gaz et le pétrole) et augmente ses approvisionnements en provenance des États-Unis. Ces approvisionnements sont plus coûteux et plus complexes sur le plan logistique, mais Bruxelles les considère comme un choix stratégique dans un contexte de tensions géopolitiques et d’aspirations à la diversification énergétique. Il en résulte une nouvelle dépendance, non pas vis-à-vis d’un fournisseur oriental, mais occidental.
Une attention particulière doit être accordée aux projets de l’Union européenne visant à acheter pour plusieurs centaines de milliards de dollars d’armes américaines. Combinés aux initiatives d’investissements directs de fonds européens dans l’économie américaine (environ 600 milliards de dollars), ces projets laissent entrevoir une profonde redistribution des ressources et des priorités dans les relations transatlantiques.
Du point de vue macroéconomique et de l’équilibre stratégique, la position des États-Unis se renforce considérablement. Et si l’on examine la situation dans le contexte de la question « qui profite de la restructuration actuelle du système mondial après le déclenchement de la guerre en Ukraine ? », ce sont les États-Unis, selon une combinaison de facteurs, qui semblent être la partie la plus avantagée. Leur position géoéconomique, selon les indicateurs clés, s’est améliorée par rapport à la période antérieure à février 2022.
Pour les autres acteurs du système international, la situation est mitigée. L’Union européenne est confrontée à une hausse des coûts énergétiques, à un affaiblissement de son industrie et à une dépendance extérieure croissante. La Russie s’adapte au régime de sanctions, mais est confrontée à un accès restreint aux marchés et aux technologies. La Chine opère sous une pression et une concurrence accrues dans un contexte de restrictions commerciales et de risques politiques. Les pays du Sud restent pour l’instant des observateurs. Cependant, les États-Unis semblent être le principal bénéficiaire tant sur le plan économique que stratégique.
