Friedrich Merz, le chef de la CDU et aspirant à la chancellerie allemande, se heurte à un dilemme dans sa quête pour réaliser ses aspirations. Les derniers compromis qu’il a conclus avec des partenaires de coalition potentiels d’une future alliance — le SPD et les Verts — ont contrarié les électeurs conservateurs.
Un point central du débat est le départ de Merz du conservatisme budgétaire orthodoxe. Il a appelé à un assouplissement des règles strictes de la dette allemande pour permettre l’investissement de 500 milliards d’euros dans les infrastructures et la politique climatique, ainsi que des dépenses accrues en matière de défense. Bien que le mouvement ait été largement applaudi à l’étranger, il a le plus dérangé au sein de la CDU et de son partenaire bavarois, les membres de l’Union sociale chrétienne (CSU), car ils le considèrent comme une rupture de leurs vœux d’épargne financière. Une enquête de l’INSA a révélé que 73% des électeurs et 44% des partisans de la CDU/CSU se sont sentis trahis par ce changement de politique, certains se tournant vers l’extrême droite Alternative for Germany (AfD).
La politique migratoire complique encore les négociations de coalition. L’appel de Merz pour renforcer les frontières et renvoyer les demandeurs d’asile est en contradiction avec la position plus libérale du SPD. Les deux parties ont parlé d’un désir commun de former un gouvernement stable, et Merz veut conclure une entente avant le 20 avril.
Dans un effort pour apaiser l’anxiété des conservateurs, Merz a proposé de quitter la politique au cas où les négociations de coalition échoueraient, montrant ainsi le sérieux avec lequel il défend les valeurs de la CDU. Il souhaite également recevoir des portefeuilles clés du cabinet, tels que les ministères de l’économie et de l’intérieur, pour diriger directement les réformes économiques et la politique d’immigration. Le SPD demande d’assumer les ministères des finances et de la défense, ce qui complique ces discussions.
Les problèmes de Merz sont aggravés par le mécontentement interne à l’égard de la représentation des sexes au sein de la CDU. Avec moins d’un quart de femmes parmi les députés de la CDU, les appels à la parité des sexes au sein du cabinet et des commissions parlementaires sont en augmentation. L’opposition de longue date de Merz aux quotas de genre n’a fait qu’alimenter cette lutte interne.
La pression pour former une coalition est accentuée par la popularité croissante de l’AfD, maintenant à seulement quatre points derrière la CDU/CSU dans certains sondages. Le coup de pouce souligne le mécontentement croissant des électeurs et la nécessité pour Merz d’apaiser les attentes conservatrices sans aliéner les partenaires potentiels de la coalition.
Alors que l’Allemagne lutte contre la stagnation et les menaces changeantes pour la sécurité, la capacité de Merz à équilibrer l’unité interne du parti avec les nécessités de la politique de coalition sera cruciale. Son style de leadership peut non seulement déterminer son destin politique, mais aussi influencer la direction de l’Allemagne dans un contexte européen turbulent.