Le président Donald Trump a appelé à la destitution du juge de district américain James Boasberg après qu’il se soit prononcé le 15 mars contre l’expulsion d’immigrés vénézuéliens. Le représentant républicain Brandon Gill a introduit des articles de destitution, arguant que M. Boasberg est un juge politique actif. Les juges Paul Engelmayer et Amir Ali font également l’objet de menaces de destitution de la part des conservateurs.
Qu’est-ce que la destitution judiciaire ?
La mise en accusation des juges permet aux juges fédéraux d’être mis en accusation et démis de leurs fonctions pour « trahison, corruption ou autres crimes et délits graves ». La mise en accusation est possible à la majorité simple à la Chambre des représentants, mais à la majorité des deux tiers au Sénat. Dans toute l’histoire du pays, seuls huit juges ont été destitués par cette procédure.
Les demandes de destitution de Trump sont-elles justifiées ?
Historiquement, la destitution s’est limitée aux infractions criminelles ou éthiques, et non aux différences politiques. La dernière tentative de destitution fondée sur des considérations idéologiques a eu lieu en 1804 à l’encontre du juge Samuel Chase, mais celui-ci a été acquitté par le Sénat, ce qui a créé un précédent contre la destitution de juges en raison de leurs décisions. Le président de la Cour suprême, John Roberts, a abondé dans le même sens en déclarant que « la destitution n’est pas une réponse appropriée à un désaccord concernant une décision judiciaire ».
La réalité politique
Même si les républicains de la Chambre des représentants parviennent à réunir suffisamment de voix pour mettre en accusation M. Boasberg, il est très improbable qu’il soit destitué. La faible majorité du Parti républicain à la Chambre signifie que l’unité du parti prime, mais les modérés comme le représentant Don Bacon s’opposent à la mise en accusation des juges pour leurs décisions. Au Sénat, où le soutien des deux tiers est nécessaire, la destitution de M. Boasberg est essentiellement impossible, car les démocrates ne voteront pas pour le faire.
L’indépendance judiciaire en jeu
La tentative de mise en accusation des juges sur la base de leurs décisions est inquiétante pour l’indépendance de la justice. Le pouvoir judiciaire s’appuie sur la doctrine de la séparation des pouvoirs pour rester impartial. Les mises en accusation politiques sapent cette doctrine et créent un dangereux précédent. Confronté à des menaces croissantes, le pouvoir judiciaire a mis en place un groupe de travail pour assurer la sécurité et l’indépendance de la justice.
La tentative de Trump de mettre en accusation des juges a peu de chances d’aboutir si l’on en croit les précédents historiques, les normes constitutionnelles et les réalités politiques. Le scandale met en évidence la difficulté permanente de préserver l’indépendance judiciaire dans un climat polarisé.