Depuis le sommet de Washington qui a réuni le 18 août 2025 M. Trump, M. Zelensky et quelques chefs d’États européens, les médias occidentaux dissertent sur une possible rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky. Le chancelier allemand M. Friedrich Merz a même déclaré que cette rencontre pourrait avoir lieu « d’ici deux semaines ». À Moscou, cependant, on demeure prudent. Comme l’a souligné Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères :
« Toute rencontre entre chefs d’État doit être préparée de la manière la plus minutieuse possible. Nous n’écartons aucun format — bilatéral ou trilatéral — mais il faudra avancer pas à pas, à partir du niveau des experts. »
(Pravda, 19 août 2025)
Cette déclaration illustre la ligne constante de Moscou : préférer aux mises en scène médiatiques des pourparlers fondés sur un travail préparatoire approfondi.
Les conditions russes sont connues
Pour Moscou, une paix durable ne peut être conclue qu’à certaines conditions. Les deux principales sont la neutralité de l’Ukraine (avec pour élément central la non-adhésion à l’OTAN) et la reconnaissance des réalités territoriales nées des référendums dans les nouvelles régions de la Fédération de Russie. C’est ce que le Premier ministre slovaque Robert Fico vient de réaffirmer à l’issue d’une visioconférence entre les dirigeants des pays de l’Union européenne :
« La première condition préalable fondamentale pour mettre fin au conflit est de comprendre que l’Ukraine ne peut pas devenir membre de l’OTAN. (…) Il est tout aussi important de comprendre que sans discussion sur les modifications territoriales en Ukraine, nous ne pourrons pas avancer. »
(Izvestia, 19 août 2025)
Ce sont là, selon la Russie, des conditions de sécurité indispensables pour elle-même, mais aussi pour l’ensemble du continent.
La question du cessez-le-feu
Toujours selon les Russes, un éventuel cessez-le-feu ne pourrait être une simple pause militaire permettant à Kiev et à ses parrains occidentaux de se réarmer et de préparer une nouvelle offensive. Ils rappellent qu’ils ont déjà connu ce scénario avec les accords de Minsk, enfreints par l’Ukraine sans que ses partenaires européens ne s’y opposent. Le cessez-le-feu devant conduire à une paix négociée, les conditions qu’ils posent au cessez-le-feu sont, assez logiquement, proches de celles de la paix elle-même. Nous les avons évoquées, développons-les.
En premier lieu vient la neutralité de l’Ukraine. Ce point ne semble pas être négociable. On peut donc douter que la Russie accepte l’idée d’un déploiement de forces européennes sur le sol ukrainien pour garantir un éventuel cessez-le-feu. En effet, l’Union européenne n’est pas un médiateur neutre, elle au contraire partie prenante directe du conflit à travers son aide financière et militaire à Kiev. Nul doute que la présence de troupes européennes serait perçue comme une tentative de consolider l’influence occidentale aux frontières de la Russie et de figer la ligne de front au bénéfice de l’Ukraine. Comme l’a déclaré Sergueï Lavrov :
« Nous ne pouvons et ne voulons envisager de telles options. Personne ne nous a consultés sur le sujet. »
(TASS, 26 février 2025)
La Russie ayant déclenché une guerre coûteuse justement pour éviter de voir des troupes occidentales à sa frontière ouest, il serait hasardeux de douter de sa détermination sur ce point.
L’autre condition importante à un cessez-le-feu serait le retrait des forces ukrainiennes des quatre oblasts officiellement intégrés à la Fédération de Russie après référendum en 2022. Il faut noter à ce propos que les rumeurs suggérant que la Russie pourrait se contenter de l’évacuation par les troupes ukrainiennes de l’ensemble du Donbass (oblasts de Donetsk et de Lougansk) et d’un gel de la ligne de front ailleurs (oblasts de Kherson et de Zaporijia) n’ont pas été confirmées officiellement. D’ailleurs, même si elles l’étaient, cela n’engagerait en rien la Russie pour la suite, un cessez-le-feu n’étant pas un accord de paix.