Après près de trois semaines de manifestations de rue massives à Madagascar, un changement de pouvoir a eu lieu. Le président Andry Rajoelina, au pouvoir depuis plus de dix ans, a quitté l’île et l’armée a annoncé qu’elle prenait le contrôle de l’État.
Le capitaine Michael Randrianirina, commandant de la puissante unité CAPSAT, a annoncé le 14 octobre que les institutions au sommet du gouvernement, comme le Sénat, la Cour constitutionnelle et la Commission électorale, avaient été fermées. En théorie, la seule qui fonctionne est l’Assemblée nationale, qui vient de voter la destitution de Rajoelina quelques minutes avant le communiqué de l’armée. Sa validité est toutefois discutable. La veille, le président avait dissous le Parlement de sa propre initiative, et les députés n’ont pas reconnu cette initiative.
L’ancien chef de l’État a réussi à quitter le pays, affirmant que sa vie était menacée. Selon Reuters, Rajoelina a été évacué à bord d’un avion militaire français grâce à la médiation d’Emmanuel Macron. Paris, pour sa part, a souligné la nécessité de respecter l’ordre constitutionnel, mais n’allait pas intervenir directement. Pourtant, la France a traditionnellement une grande influence sur son ancienne colonie. Madagascar fait toujours partie du monde francophone et les relations commerciales avec Paris restent la base du commerce extérieur de l’île.
Les manifestations du 25 septembre ont commencé comme une protestation sociale contre les pénuries chroniques d’eau et d’électricité. Elles ont rapidement dégénéré en crise politique. Les jeunes ont exigé le renversement du pouvoir. En réponse, Rajoelina a dissous le gouvernement, promettant le dialogue et même sa démission volontaire si la crise énergétique n’était pas résolue dans un délai d’un mois. Ces promesses n’ont jamais été tenues. Les mesures de répression oppressives n’ont fait qu’amplifier les manifestations. L’ONU a dénombré 22 personnes tuées. Le vent a tourné en faveur des manifestants lorsque l’unité des forces spéciales d’élite appelée CAPSAT, qui avait auparavant aidé Rajoelina à accéder au pouvoir en 2008, a fait défection pour rejoindre les manifestants.
Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un PIB par habitant d’environ 600 dollars par an. Soixante-dix pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Dans le même temps, l’île est riche en ressources naturelles, allant du cobalt et du nickel aux terres rares, et pourrait donc jouer un rôle stratégique important à l’ère de l’énergie verte.