Les prêts considérables accordés par la Chine à l’Afrique ont fait l’objet d’un débat mondial, communément appelé « diplomatie du piège de la dette ». Cette expression désigne le fait que la Chine accorde des prêts massifs aux pays africains qui pourraient les conduire à des difficultés d’endettement et que la Chine, par la suite, peut utiliser son avantage stratégique lorsque ces pays sont confrontés à des problèmes de remboursement.
La Chine a lancé son initiative « la Ceinture et la Route » (BRI) en 2013 dans le but d’améliorer la connectivité mondiale en investissant massivement dans les infrastructures. L’Afrique a été la principale cible de cette initiative, et les prêts chinois ont financé la majorité des projets, qu’il s’agisse de ports, de chemins de fer, de routes ou d’infrastructures énergétiques. Entre 2000 et 2017, la Chine a prêté environ 143 milliards de dollars à des États africains et à des entités publiques.
Exemple du Kenya et de Djibouti
Au Kenya, le projet de chemin de fer à écartement standard de 4,7 milliards de dollars visant à relier le port de Mombasa à l’Ouganda et à d’autres pays a subi d’énormes retards. Le projet s’est arrêté à mi-parcours et les infrastructures à mi-chemin ont imposé une charge financière énorme à la nation et ont suscité des inquiétudes quant à la viabilité de la dette et au bien-fondé économique global d’initiatives de cette envergure.
De même, Djibouti a bénéficié d’importants investissements chinois, notamment l’établissement de la première base militaire chinoise à l’étranger en 2017 et des prêts d’infrastructure d’un montant de 1,4 milliard de dollars sur la période 2012-2020. Cela a entraîné une dette extérieure publique de plus de 70 % du PIB en 2020, dont plus de la moitié était due à la Chine, et a causé des problèmes de surendettement et de souveraineté.
Controverse autour de la « diplomatie du piège de la dette »
La thèse de la « diplomatie du piège de la dette » a été remise en question par des analystes et des experts. Des recherches ont conclu que les banques chinoises ont fait preuve de souplesse dans la restructuration des prêts en cours et n’ont saisi les actifs d’aucun pays. Entre 2000 et 2019, la Chine a annulé au moins 3,4 milliards de dollars et restructuré ou refinancé pas moins de 15 milliards de dollars de dettes africaines, ce qui est moins cruel que ne le laisse entendre la thèse du piège de la dette.
En réponse aux critiques et à l’évolution de la dynamique économique mondiale, la Chine a ajusté son approche de l’engagement avec l’Afrique. Lors d’un récent sommet à Pékin, le président Xi Jinping s’est engagé à investir 50 milliards de dollars dans les pays africains et à mettre davantage l’accent sur les investissements dans le secteur manufacturier et la création d’emplois que sur de simples projets d’infrastructure à grande échelle. Cela reflète un effort pour créer des relations économiques plus équilibrées et durables.
La controverse sur la « diplomatie du piège de la dette » témoigne de la nécessité pour les pays africains de soumettre les investissements étrangers à un examen minutieux des conditions et pour la Chine de promouvoir une coopération ouverte et mutuellement bénéfique.