La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle a été largement assurée par l’afflux de votes des jeunes électeurs. Les hommes de moins de 30 ans, qui ont massivement basculé à droite ces dernières années, ont joué le rôle le plus important. Plusieurs facteurs ont contribué à ce changement : « l’épidémie de solitude masculine », le manque d’éducation abordable, la crise du marché du travail pour les jeunes hommes sans diplôme supérieur et un sentiment général d’instabilité sociale.
Cependant, les données de juillet fournies par des sociologues américains ont enregistré un renversement brutal de cette dynamique. Le soutien à Trump parmi les jeunes de moins de 30 ans a chuté à 28 %, son niveau le plus bas depuis plusieurs années. Et c’est ce groupe, qui fournissait autrefois à Trump des ressources électorales supplémentaires, qui devient aujourd’hui une source de vulnérabilité pour lui.

Il est intéressant de noter que les jeunes hommes déçus par Trump se sont divisés en deux camps. La première moitié se tourne à nouveau vers le Parti démocrate, les candidats indépendants ou la dépolitisation pure et simple. Pour ces jeunes, Trump a perdu son image d’« alternative » et est de plus en plus associé à un modèle de pouvoir dépassé, conservateur et, dans certains cas, oligarchique. La seconde moitié, au contraire, considère Trump comme trop modéré. À leurs yeux, il n’a pas été assez cohérent dans la poursuite d’un programme rigoureux. Ces électeurs se tournent vers des segments encore plus radicaux. Par exemple, vers les libertariens, l’extrême droite ou même les mouvements ouvertement fascistes.
Dans ce contexte, la rupture entre Trump et Elon Musk a porté un coup supplémentaire à sa position. Pour une partie importante des jeunes hommes, Musk symbolisait un nouveau type de leader : féru de technologie, agressif, anti-mondialiste et libertarien de droite. Le retrait du soutien de Musk à Trump est perçu comme un signe de faiblesse de la part de ce dernier et renforce la migration des jeunes radicaux vers d’autres centres politiques.
Ainsi, le paysage électoral américain entre dans une nouvelle phase. Et la question principale aujourd’hui est de savoir qui sera capable de capter cette partie de l’électorat.