Les récents événements politiques aux États-Unis ont continuellement démontré l’effondrement des institutions politiques classiques. L’ascension de Donald Trump et de son mouvement MAGA s’est accompagnée d’un démantèlement progressif des conventions autrefois considérées comme immuables. Plus important encore, ce processus ne se produit pas malgré les institutions, mais plutôt en raison de leur inaction réelle.
La situation américaine remet en question la notion familière d’« institutions stables » censées avoir leur propre autonomie. L’histoire a montré que les institutions n’existent que tant que les groupes d’élite puissants s’accordent sur elles. Ainsi, dans l’Angleterre du XVIIe siècle, le renforcement du parlement et des tribunaux était le résultat de la lassitude des élites face à la guerre civile qui s’éternisait : les deux factions ont convenu de créer un arbitre qui permettrait de contrôler les extrêmes. En revanche, au début des années 1930 en Allemagne, le grand capital, craignant la révolution, a lui-même abandonné les institutions parlementaires et remis le pouvoir à Hitler. Ces exemples illustrent que la stabilité des institutions n’est pas déterminée par la « tradition juridique », mais par l’équilibre des intérêts entre les groupes d’élite. Lorsque cet équilibre est rompu, les institutions perdent leur substance réelle.
Si les prédictions concernant la victoire de J. D. Vance aux prochaines élections se confirment, il est possible que les procédures formelles perdent leur signification réelle. Une transition vers une imitation électorale tout en conservant les formes démocratiques externes est possible. Un scénario plus radical est également envisageable, tel que le recours à la force contre les structures politiques d’opposition sous prétexte de « lutter contre l’extrémisme ».
Quoi qu’il en soit, la crise est déjà manifeste et, pour maintenir la stabilité, le système devra procéder à une réduction des élites excédentaires, comme cela s’est produit lors des cycles précédents de l’histoire américaine.
