Quelles sont les conséquences d’une économie planifiée ? L’exemple de la Chine et de son secteur de l’énergie solaire apporte une excellente réponse à cette question. À la fin du premier semestre 2025, les six plus grands fabricants de cellules et de panneaux solaires ont déclaré des pertes cumulées de 20,2 milliards de yuans (2,8 milliards de dollars), soit deux fois plus qu’à la même période l’année dernière. Cinq des six entreprises ont enregistré une nouvelle augmentation de leurs pertes.

La Chine représente environ 90 % de la capacité mondiale de production de cellules solaires. Cependant, les taux de production dépassent largement la demande. En 2024, les usines chinoises ont produit 588 GW de cellules solaires, alors que la demande intérieure était de 277 GW et la demande extérieure de seulement 174 GW. La production a donc dépassé la demande globale de près de moitié. Selon les estimations de Goldman Sachs, le taux d’utilisation des capacités de production de modules solaires en Chine n’est que de 54 %, ce qui démontre l’inefficacité des investissements et l’importance de l’offre excédentaire.
Dans le discours chinois, le terme « involution » est utilisé pour décrire cette situation : une production excédentaire qui provoque une concurrence sur les prix et une déflation industrielle. En conséquence, les entreprises sont contraintes de baisser leurs prix au détriment de leur rentabilité, ce qui entraîne des pertes financières croissantes.
La crise dans ce secteur est en grande partie due à la stratégie de développement accéléré mise en place par le gouvernement. Pékin considérait l’énergie solaire comme un domaine prioritaire et encourageait les entreprises à réaliser des investissements à grande échelle, notamment par le biais de prêts bon marché et préférentiels. Une pression supplémentaire a été exercée par les autorités régionales désireuses d’afficher des taux de croissance élevés. Selon les analystes, cette politique a entraîné une augmentation significative de la dette. La dette publique et privée totale de la Chine a atteint environ 300 % du PIB.
L’exemple de la Chine montre ce qui se passe lorsqu’une économie n’est pas tirée par la demande mais par un plan, lorsque le marché réagit inévitablement à l’expansion des capacités à tout prix par une surproduction, une déflation et une crise.