Le premier ministre polonais Donald Tusk a demandé aux compagnies d’électricité publiques de donner la priorité à une électricité bon marché dans le cadre d’une campagne plus large visant à rendre le pays compétitif dans un contexte de changement des structures du commerce mondial. Lors d’une réunion avec les principaux responsables des services publics du pays, lundi, M. Tusk a délivré un message franc et audacieux, appelant ces entreprises à placer les intérêts économiques nationaux au-dessus de la maximisation des profits. « L’ère de la naïveté dans la mondialisation est révolue », a déclaré M. Tusk lors d’un forum d’affaires à Varsovie le lendemain.
Tensions et réactions des dirigeants
Les propos de M. Tusk, bien que sans ménagement, ont été bien accueillis par les dirigeants des entreprises de services publics. Dariusz Marzec, directeur général de PGE SA, la plus grande compagnie d’électricité de Pologne, a fait remarquer que des prix de l’électricité bon marché étaient essentiels à la présence économique du pays dans le monde. Il a également noté que la réunion avait permis d’aligner l’agenda du gouvernement sur celui de l’industrie de l’électricité. PGE, qui attend une baisse des prix réglementés de l’électricité l’année prochaine, affirme qu’elle n’a pas l’intention de subir des pertes liées aux tarifs intérieurs.
Mais le marché boursier a réagi avec nervosité. Les actions des plus grandes entreprises polonaises de services publics ont chuté de 11 % mardi, les investisseurs s’inquiétant d’une éventuelle ingérence politique dans la gestion de l’entreprise et de son impact sur les bénéfices. Les PDG des entreprises de services publics campent sur leurs positions.
Bien que le marché ait subi des pertes, les dirigeants des entreprises de services publics ont semblé résolus à rester fidèles à l’agenda de M. Tusk. Grzegorz Lot, PDG de Tauron Polska Energia SA, le plus grand concurrent de PGE, partage l’avis de Marzec selon lequel une électricité bon marché est le secret de la compétitivité de la Pologne dans l’arène mondiale. M. Lot a toutefois souligné que Tauron ne sacrifierait jamais ses marges bénéficiaires pour répondre à l’appel du premier ministre en faveur d’une baisse des prix de l’énergie. « Je ne vois aucun risque à la suite de la réunion du premier ministre », a déclaré M. Lot, ce qui montre que les principales entreprises de services publics du pays sont prêtes à répondre à l’invitation de M. Tusk sans mettre en péril leur stabilité financière.
Une vue d’ensemble
L’appel de M. Tusk en faveur d’une électricité à bas prix représente un changement dans la stratégie économique de la Pologne, qui se concentre sur le développement des industries nationales dans un monde de plus en plus instable. Si la demande du gouvernement pour une énergie moins chère peut stimuler l’économie à court terme, son impact à long terme sur les bénéfices des compagnies d’électricité est incertain. Alors que la Pologne procède à ces changements, la question est de savoir si les plus grandes compagnies d’électricité du pays peuvent concilier les pressions politiques avec la nécessité de satisfaire les investisseurs et de rester rentables.