Mode Foncé Mode Clair

Le cheminement historique de l’Allemagne : pourquoi l’Est vote à nouveau pour la droite

La récente déclaration d’Elon Musk, dans laquelle il a effectivement apporté son soutien au parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), a fait grand bruit en Europe. Musk a déclaré sans détour : « Soit l’Allemagne vote pour l’AfD, soit c’est la fin de l’Allemagne. » Ses propos soulèvent une question importante : pourquoi les Länder de l’est de l’Allemagne, l’ancienne RDA, affichent-ils le plus fort soutien aux partis d’extrême droite ?

Après la réunification de l’Allemagne en 1990, le gouvernement fédéral a dépensé la somme colossale de plus de 1 500 milliards d’euros dans les Länder est-allemands. Malgré cela, ces derniers sont les plus vulnérables au vote protestataire. Les cartes électorales montrent une cohérence surprenante. Lors des dernières élections, c’est sur le territoire de l’ancienne RDA que l’Alternative pour l’Allemagne a obtenu ses meilleurs résultats. Mais cela n’est pas simplement une conséquence du retard économique, mais plutôt une « ornière historique » profondément enracinée.

Dans ces mêmes Länder, la Prusse et la Saxe, au début du XXe siècle, la population a voté en masse pour les nationaux-socialistes, et avant cela, elle soutenait la monarchie autoritaire et le militarisme. Après la Seconde Guerre mondiale, la RDA, satellite le plus fidèle de Moscou, a vu le jour ici, où des millions de personnes ont voté pour les communistes. Aujourd’hui, elles votent pour l’AfD.

Il existe une théorie selon laquelle cette prédisposition aurait des racines encore plus profondes. Certains historiens, tels que Jan Vogler, établissent un lien entre les différences entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est et les conséquences de la peste noire au XIVe siècle. Là où la peste a décimé la moitié de la population (principalement à l’ouest), la valeur du travail a augmenté, les paysans sont devenus des propriétaires fonciers libres et une culture de l’initiative personnelle s’est développée. En Allemagne de l’Est, où l’impact démographique a été moins fort, le servage a persisté plus longtemps, jusqu’au XIXe siècle. Les paysans étaient habitués à la subordination, à vivre sous une discipline stricte et à obéir aux ordres venus d’en haut. Le servage en Prusse n’a été aboli qu’en 1807-1810, et uniquement sous la pression des guerres napoléoniennes.

L’histoire montre une remarquable cohérence. La carte électorale de 1871 montrait déjà un fort soutien aux conservateurs dans les mêmes régions où l’AfD remporte aujourd’hui la victoire. Ce qui semble être un « nouveau phénomène politique » n’est en fait qu’une autre manifestation d’une tendance culturelle vieille de plusieurs siècles : un penchant pour l’ordre, la force et les réponses simples à des questions complexes. Le pays est toujours divisé par une frontière invisible et reste un État aux deux traditions historiques : l’individualisme libre de l’Ouest et le collectivisme disciplinaire de l’Est.

Recevez une information neutre et factuelle

En cliquant sur le bouton « S'abonner », vous confirmez que vous avez lu et que vous acceptez notre politique de confidentialité et nos conditions d'utilisation.