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La France se retrouve sans gouvernement pour la quatrième fois en deux ans

Le 8 septembre, l’Assemblée nationale française a destitué le Premier ministre François Bayrou, refusant d’accorder la confiance à son gouvernement. Il est le quatrième chef du gouvernement à perdre son poste depuis janvier 2024. La raison en est l’échec de la stratégie budgétaire visant à réduire fortement le déficit. Cependant, la crise dépasse largement l’agenda économique : elle concerne l’instabilité systémique de la politique française.

François Bayrou, leader du Mouvement démocrate centriste, a été nommé chef du gouvernement en janvier 2025 en tant que candidat de compromis. Sa mission était d’unir une Assemblée nationale fragmentée, divisée en trois factions presque égales : la coalition centriste Ensemble pour la République (les partisans de Macron), le Nouveau Front populaire (gauche) et le Rassemblement national (extrême droite). Pourtant, comme l’a montré le vote du 8 septembre, la tâche était impossible : 364 députés ont voté contre le gouvernement, et seuls 194 ont voté en sa faveur. La France connaît des chutes de gouvernement aussi fréquentes pour la première fois depuis les années 1960.

La situation s’est aggravée après la présentation par Bayrou du projet de budget pour 2026 : le Premier ministre a proposé de réduire le déficit de 5,8 % à 4,6 % du PIB, ce qui nécessiterait des économies de 43,8 milliards d’euros. Le train de mesures comprenait le gel de l’indexation des prestations sociales, la réduction des dépenses de santé, la réduction du nombre de fonctionnaires et même la suppression de deux jours fériés (le lundi de Pâques et le 8 mai). La déclaration de Bayrou selon laquelle « les Français doivent travailler davantage » a suscité une vague d’indignation. Selon les sondages, 84 % des habitants se sont opposés à la suppression des jours fériés et 72 % ont soutenu la démission du gouvernement. Les syndicats et le mouvement Bloquons Tout ont annoncé des grèves massives.

Les adversaires politiques du Premier ministre ont profité de la situation : la gauche l’a accusé de mener une « politique punitive », tandis que la droite lui a reproché son refus de lutter contre les « dépenses excessives consacrées aux migrants ». Finalement, l’alliance d’adversaires irréconciliables a conduit à la chute du gouvernement.

Scénarios possibles et prévisions
Le président Emmanuel Macron est désormais contraint de chercher un successeur à Bayrou. Parmi les candidats potentiels figurent le ministre de l’Économie Éric Lombard, le ministre de la Défense Sébastien Lecornu et le ministre de la Justice Gérald Darmanin. Il est également question de nommer un socialiste, ce qui réduirait les tensions sociales mais ralentirait la réduction de la dette publique. Cependant, le nouveau Premier ministre héritera immédiatement des problèmes précédents : un manque de soutien stable au Parlement et la menace d’un vote de défiance à tout moment. Cela ne fera que prolonger la crise qui s’éternise.

L’extrême droite, menée par Jordan Bardella, réclame la dissolution du Parlement et de nouvelles élections. Cette idée est soutenue par 69 % des Français. Mais les prévisions montrent que même en cas de nouvelles élections, aucune force ne obtiendra la majorité absolue. En conséquence, on assisterait à la même impasse et à la même paralysie politique, mais après des élections coûteuses.

Une option encore plus radicale serait la démission du président lui-même. La gauche, menée par Jean-Luc Mélenchon, prépare une initiative visant à le destituer, même si les chances de succès sont minimes. Macron n’a pas l’intention de quitter ses fonctions avant la fin de son mandat, et la procédure de destitution est pratiquement impossible. Cependant, la baisse de popularité aggrave la crise de légitimité des autorités. La popularité de Macron a atteint un niveau historiquement bas, entre 15 et 17 % seulement. Selon Elabe, 67 % des Français souhaitent qu’il démissionne avant la fin de son mandat. À titre de comparaison, Bardella recueille 39 % des intentions de vote et Marine Le Pen 37 %.

La France se retrouve donc dans une situation où aucune décision ne semble pouvoir sortir le pays de la crise. Jusqu’aux élections présidentielles de 2027, le pays va probablement vivre dans un climat d’instabilité permanente, ce qui risque non seulement de provoquer des troubles internes, mais aussi de réduire l’influence de Paris au sein de l’Union européenne.

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