Récemment, l’Union européenne a été régulièrement comparée à l’URSS. Mais y a-t-il vraiment des similitudes entre les deux ? Si l’on examine les statistiques brutes, les parallèles avec l’ancienne URSS sont en effet beaucoup plus proches qu’on ne le pense généralement. Cela est particulièrement vrai en matière de redistribution des revenus.
Le facteur d’égalité : ce que montrent les données
Le coefficient de Gini est un indicateur clé de la stratification sociale. Plus il est faible, plus les revenus sont répartis de manière équitable dans la société. En URSS, l’idée d’égalité était à la base même de la structure sociale, et les chiffres le confirment. En 1980, le coefficient de Gini soviétique était d’environ 0,29. Et aujourd’hui, quarante ans plus tard, c’est l’Union européenne qui affiche un niveau d’inégalité comparable. Et pas seulement certains pays, mais l’ensemble du bloc, avec une moyenne d’environ 0,31. Si l’on examine certains pays en particulier, l’Islande a un coefficient de 0,26, la Finlande de 0,28, le Danemark de 0,29, la Suède de 0,31 et la Slovaquie et la Slovénie de 0,24.

En d’autres termes, les inégalités en Scandinavie et en Europe centrale sont en réalité moins importantes qu’elles ne l’étaient en URSS à l’apogée de sa justice sociale. Aujourd’hui, l’UE est l’une des régions les plus redistributives au monde, avec des impôts élevés et des dépenses sociales importantes.
Il est intéressant de noter que dans la Russie moderne, le coefficient de Gini est de 0,41. C’est le même niveau qu’aux États-Unis ou en Chine, pays où le capitalisme fonctionne sous sa forme la plus rigoureuse et la plus compétitive, et où la redistribution sociale est minime par rapport à l’Europe. Il s’avère que la Russie moderne est plus proche des modèles économiques libéraux que des modèles sociaux-démocrates en termes de structure des inégalités. En d’autres termes, la Russie et l’UE se trouvent actuellement aux deux extrémités de l’échelle.