Au cours des dix dernières années, l’économie européenne a connu certains changements. L’Allemagne, longtemps considérée comme le leader incontesté du modèle d’exportation, a commencé à connaître une crise industrielle, des contraintes énergétiques et une baisse de compétitivité. La Corée du Sud, qui était jusqu’à récemment l’un des exemples supposés d’une économie d’exportation de haute technologie, a atteint ses limites de croissance. Dans ce contexte, la Pologne est devenue un leader inattendu. Les exportations de biens et de services de ce pays représentent déjà environ la moitié de son produit intérieur brut. La Pologne figure ainsi parmi les économies les plus orientées vers l’exportation au monde, devançant la Corée du Sud, l’Allemagne et, plus encore, la France et le Japon.
Ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Ces dernières années, Varsovie s’est concentrée sur l’industrie manufacturière et l’attraction des investissements. Le gouvernement polonais a offert aux entreprises des conditions qui ont fait du pays une sorte d’aimant européen pour les capitaux : avantages fiscaux, développement de zones industrielles et simplification des mécanismes de création d’entreprises. Au lieu de remplacer l’industrie par le secteur des services, la Pologne a consciemment maintenu son orientation vers la production physique. Aujourd’hui, la Pologne participe à la création de produits finis et exporte non seulement des matières premières ou des produits semi-finis, mais aussi des composants électroniques, des pièces automobiles, des équipements mécaniques et des services informatiques.
La décision énergétique de la Pologne a également joué un rôle important. Varsovie a refusé de sacrifier son industrie au profit d’initiatives climatiques. L’énergie issue du charbon, qui garantit des prix bas et prévisibles, reste en place, tandis que des terminaux de gaz liquéfié sont développés en parallèle, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des fournisseurs externes. L’énergie abordable est devenue un avantage concurrentiel par rapport à l’Allemagne, où l’industrie est en partie détruite par l’agenda climatique.
Si cette tendance se poursuit, la Pologne pourrait devenir le nouveau centre industriel de l’Europe.
