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Sanae Takaichi Premier ministre : Une femme à la tête du Japon

Pour la toute première fois dans l’histoire, une femme dirigera le Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir. Sanae Takaichi, 64 ans, a battu son rival, le ministre de l’Agriculture Shinjiro Koizumi, 44 ans, lors du vote du parti. Sa nomination en tant que candidate au poste de Premier ministre sera officiellement approuvée le 15 octobre par le Parlement. Takaichi entrera ainsi dans les livres d’histoire comme la première femme à diriger le gouvernement japonais.

Le chemin vers une carrière politique

La future Première ministre est née dans l’ancienne capitale du Japon, Nara, dans une famille éloignée de la sphère politique. Son père travaillait pour une entreprise automobile et sa mère pour la police. Takaichi s’est spécialisée en administration des affaires et, pendant ses études, elle se passionnait pour la musique heavy metal et jouait de la batterie dans un groupe bénévole.

Après avoir obtenu son diplôme, Takaichi est partie aux États-Unis pour un stage, où elle a travaillé dans le bureau de la députée Patricia Schroeder. À son retour au Japon, elle a commencé à travailler comme présentatrice de télévision. Elle s’est présentée pour la première fois aux élections législatives en 1992, mais a été battue. Sa deuxième tentative, en 1993, a été en partie financée par son père, qui a retiré de l’argent de son épargne-retraite. Elle a alors entamé son long parcours vers la politique au plus haut niveau. Elle a été élue dix fois au Parlement et a été ministre dans le cabinet de Shinzo Abe ainsi que dans celui de Fumio Kishida.

Vision politique

Sanae Takaichi est une bonne amie de Shinzo Abe. Ils sont entrés ensemble au Parlement et partageaient une idéologie conservatrice commune. Abe l’a toujours soutenue, notamment lors des élections à la présidence du PLD en 2021, où Takaichi s’est présentée pour la première fois à la tête du parti, mais a terminé troisième. En 2024, elle a atteint la finale, qu’elle a perdue face à Shigeru Ishiba. Après la démission de ce dernier en 2025, Takaichi a finalement réussi à remporter la victoire.

Son idéologie est généralement qualifiée d’ultra-conservatrice. Elle s’oppose à la légalisation du mariage homosexuel, au maintien de noms de famille distincts pour les épouses et à l’accession des femmes au trône. Elle est la cible des politiciens et des historiens en raison de son approche révisionniste de la Seconde Guerre mondiale. Selon The Economist, l’ancien Premier ministre Fumio Kishida aurait qualifié Takaichi de « talibane » sur le ton de la plaisanterie. Elle-même tente d’éviter l’image d’une radicale, jurant que son étiquette de « radicale de droite » lui colle à la peau parce qu’elle est « un peu tranchante ». Takai admire la « Dame de fer » britannique Margaret Thatcher.

Principaux enjeux

Économie

Le Japon a connu des années de déflation, mais un autre problème se pose désormais. L’inflation des prix devance les augmentations salariales, la population vieillit et la dette publique atteint des sommets historiques. Takaichi promet d’augmenter les subventions et de réduire les impôts, mais les économistes craignent que cela ne fasse qu’alourdir la dette et provoquer l’effondrement du yen.

Politique étrangère

L’un des premiers enjeux de Takaichi sera une rencontre avec Donald Trump, qui sera au Japon fin octobre. Ses relations avec Abe, que Trump admirait, pourraient faciliter les contacts. Cependant, établir des ponts avec la Chine et la Corée du Sud sera d’autant plus difficile. La position agressive de Takai sur l’histoire militaire risque de raviver certaines tensions anciennes.

Stabilité politique

La victoire de Takaichi témoigne d’une dérive vers la droite de la politique japonaise. Le parti de droite Sanseito partage les mêmes idées et gagne du terrain, remportant quatorze sièges à la chambre haute du parlement, contre un seul l’année précédente. Afin de ne pas perdre en popularité, le PLD doit durcir sa position sur l’immigration et la culture. Cependant, cette ligne de conduite compliquerait l’alliance avec le parti Komeito, plus centriste, qui a déjà exprimé son inquiétude quant aux opinions de la nouvelle dirigeante.

Takaichi semble consciente de la complexité de sa situation. Elle a déjà modéré certaines de ses positions et promis de sacrifier l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour rétablir le prestige du PLD et améliorer le bien-être du peuple japonais.

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