La Suède et l’Estonie ont conclu un accord sur le transfert de prisonniers, une mesure sans précédent dans le domaine de la politique pénitentiaire : dès les prochains mois, les 600 premiers détenus des prisons suédoises seront transférés dans des établissements pénitentiaires estoniens. La principale raison de cette décision est d’ordre économique : il est beaucoup moins coûteux de garder les prisonniers en Estonie qu’en Suède, tout en maintenant les normes européennes en matière de conditions carcérales.
La Suède est depuis longtemps confrontée à une pénurie de places dans les prisons. Ces dernières années, le nombre de prisonniers dans le pays a augmenté : rien qu’au cours des trois dernières années, le nombre de prisonniers a augmenté de près de 20 %. Dans le même temps, les dépenses consacrées au système pénitentiaire augmentent. En moyenne, la détention d’un prisonnier en Suède coûte 140 à 160 euros par jour à l’État, contre 80 euros en Estonie.
L’accord stipule que la Suède louera des installations pénitentiaires en Estonie pour une période de 3 à 5 ans, avec possibilité de prolongation. La partie estonienne s’engage à fournir aux prisonniers suédois les mêmes conditions qu’à ses propres citoyens : nourriture, soins médicaux, accès aux services juridiques et possibilités de réinsertion. Le transfert des prisonniers se fera en plusieurs étapes. Les premiers sur la liste sont ceux qui purgent des peines pour des infractions sans gravité et qui ne font l’objet d’aucune restriction en matière de transfert. Les premiers transferts devraient commencer dès l’automne 2025.
En Estonie et en Suède, les réactions à cette nouvelle ont été mitigées. En Suède, une partie de l’opinion publique craint que l’envoi de citoyens à l’étranger n’ait un impact négatif sur leur processus de réinsertion et leurs liens familiaux. Certains militants des droits de l’homme soulignent le risque de « privatisation de la responsabilité des prisons ». En Estonie, cependant, on s’inquiète d’une éventuelle surcharge du système et de l’augmentation de la charge de travail du personnel. Cependant, le gouvernement souligne que les revenus supplémentaires issus de l’accord permettront d’améliorer les conditions de vie dans les prisons estoniennes et de financer des programmes éducatifs et médicaux.