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« L’Europe n’a pas pris au sérieux les avertissements réitérés des États-Unis ». Une interview avec Ednan Agaev

« L’Europe n’a pas pris au sérieux les avertissements réitérés des États-Unis ». Une interview avec Ednan Agaev

Ednan Agaev Ednan Agaev

Ancien ambassadeur de Russie en Colombie, Ednan Agaev a occupé des postes de premiers plans au Ministère soviétique puis russe des Affaires étrangères, ainsi qu’aux Nations Unies. Installé à Paris, il est désormais consultant en Affaires internationales.   

Guillaume de Sardes : Le 4 décembre 2025, les États-Unis ont publié leur nouvelle doctrine stratégique (National Security Strategy). La plupart des commentateurs voient dans ce document d’une trentaine de pages un abandon de l’idéalisme des néoconservateurs (cherchant à instituer une hégémonie libérale et à exporter la démocratie) pour en revenir au réalisme de Kissinger (privilégiant l’équilibre des puissances). Quelle est votre évaluation générale de cette nouvelle doctrine ? Peut-on parler de rupture ? 

Ednan Agaev : Le concept d’équilibre des puissances a été introduit au début du XIXsiècle, après les guerres napoléoniennes, par le chancelier autrichien von Metternich. Celui-ci a presque religieusement défendu cet équilibre qu’il envisageait comme une garantie de stabilité pour l’Europe. Selon lui, si tous les grands acteurs géopolitiques étaient à peu près égaux et disposaient à de potentiels économiques et militaires comparables aucun n’oserait tenter d’imposer ses vues et faire primer ses intérêts par la force. 

Aujourd’hui, la situation est complètement différente. Nous avons un monde incontestablement dominé par les États-Unis – c’est du moins leur conviction. Avec l’administration Trump, cette vision du monde prend des formes maximalistes aux accents mégalomaniaques. Certes, les administrations précédentes n’étaient pas moins convaincues de « patronner le monde », mais elles privilégiaient un langage plus diplomatique, plus poli, créant une illusion de parité. Trump, au contraire, dans la droite ligne du « wild westernism » n’essaie ni de modérer son arrogance ni de cacher son mépris de ses partenaires, qu’il traite comme des vassaux. Cette nouvelle façon de faire – ou plutôt de faire tomber le masque – choque la majorité des dirigeants politiques, ainsi que l’opinion publique internationale. Le côté positif est que Trump dissipe ainsi les illusions : il est désormais clair qu’on ne peut pas coopérer ou discuter à égalité avec les États-Unis. Cette logique se fonde sur la conviction que seule la force compte. On en revient à Thucydide : « les forts font ce qu’ils peuvent et les faibles subissent ce qu’ils doivent ».

Dans quelle mesure la doctrine stratégique 2025 vous paraît-elle tenir compte des nouveaux équilibres mondiaux ? Selon le FMI, les cinq plus grandes économies à parité de pouvoir d’achat (PPP) sont désormais, par ordre d’importance : la Chine (19,63% du PIB mondial), les États-Unis (14,65%), l’Inde (8,48%), la Russie (3,42%) et le Japon (3,23%). Ces chiffres ne traduisent-ils pas la fin d’un monde unipolaire dominé par les États-Unis ?  

La nouvelle stratégie de sécurité nationale de Trump ne me paraît pas tenir compte de cette réalité. Au contraire, le message adressé au monde est sans ambiguïté : vous dépendez tous des États-Unis, c’est pourquoi vous devez obéir, sans quoi vous serez punis ou simplement abandonnés et oubliés. Dans le même temps, Washington prétend être fatigué d’être le gendarme du monde et le garant de la paix mondiale. Cette affirmation d’une Amérique portant seule le lourd fardeau de la sécurité mondiale relève de la pure hypocrisie. Jamais durant les deux-cent cinquante ans de l’histoire américaine, la politique de Washington n’a été motivée par l’altruisme ou par le souci de la sécurité et des intérêts d’autrui. Rien n’a changé aujourd’hui. Il ne faut pas se laisser piéger par cette rhétorique. La réalité est que la prospérité économique et financière des États-Unis est fondée sur sa prééminence dans les affaires internationales. Privée de cette domination, les possibilités d’action des États-Unis se réduiraient pour devenir comparables à celles d’autres grands pays dont la puissance est avant tout économique, tels la Chine, le Japon, l’Union européenne, etc. Washington veut donc continuer à exercer son hégémonie sur le monde ; Trump veut simplement la rendre encore plus profitable. D’où l’apparition d’un nouveau langage diplomatique américain, marqué par l’abondance de termes comme « deal », « transactions », « real business », etc. 

Cela se traduit par une remise en cause des anciens arrangements. Autrefois, la position privilégiée de Washington dans ses relations avec ses partenaires se justifiait par un partage des rôles : l’Amérique s’engageait à garantir la sécurité de ses alliés, acceptant d’assumer la partie la plus importante des dépenses liées à la défense. En retour, elle obtenait des avantages économiques. Trump veut changer ce principe. Les États-Unis ne veulent plus garantir automatiquement la sécurité de leurs alliés tout en souhaitant maintenir et même élargir leurs privilèges…

Cette approche est pour le moins contestable, car elle ne fonctionne même pas dans le monde des affaires, tant chéri par l’administration Trump. Soit on est actionnaire majoritaire et on a les privilèges et les responsabilités associés ; soit on ne l’est pas, et on n’a ni l’un ni l’autre. Mais on ne peut pas obtenir une position dominante sans investir de manière adéquate. Cette réalité des affaires est encore plus prégnante dans les relations entre nations. 

Pour résumer, la nouvelle stratégie de Trump rejette la multipolarité et reconfirme son intention de dominer les autres pays – surtout ses alliés – sans assumer les responsabilités associées à ce rôle.

Les trois pages que la NSS consacre à l’Europe s’inscrivent dans la ligne du discours de J.D. Vance à la conférence de Munich en février 2025. Le document évoque ainsi un « effacement civilisationnel », ainsi que « la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique ». Ce constat conduit à une mise en garde : « Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable dans vingt ans ou moins. Dès lors, il n’est pas évident que certains pays européens disposeront d’économies et d’armées suffisamment fortes pour rester des alliés fiables. » Pourriez-vous commenter cette analyse ? Pensez-vous que les États-Unis vont peser de tout leur poids pour infléchir la trajectoire européenne ?  

L’Europe est devenue la cible principale des critiques de l’administration Trump. Les tensions entre les États-Unis et l’Europe ne sont pas nouvelles. Dès l’époque de la guerre froide, Washington s’est montré mécontent de la contribution des membres européens de l’OTAN à l’effort collectif de défense et de sécurité. La différence est que les administrations précédentes préféraient se positionner comme un grand frère sévère, mais tout de même bon, alors que l’administration actuelle se comporte comme un beau-père grossier et méchant. On peut résumer ainsi superficiellement les choses. 

De manière plus profonde, ce qui est en jeu est la vocation de l’OTAN et la solidarité euro-atlantique. L’OTAN a été conçue comme un bloc militaire qui jouait, avec la dissuasion nucléaire, un rôle clef dans la confrontation avec le bloc soviétique. L’OTAN était le pilier militaire de l’Ouest capitaliste face à l’Est communiste de l’Est. Deux visions du monde s’affrontaient. Avec l’effondrement de l’Union soviétique et du communisme européen la vocation de l’OTAN est devenue beaucoup moins évidente. Surtout pour les membres « traditionnels » du bloc (car pour les nouveaux adhérents, anciens alliés de l’Union soviétique, le problème se pose différemment et ils sont plus enclins à accepter le rôle de « petit frère » auprès de Washington). Après 1991, les pays de l’Europe de l’Ouest se sont montrés de plus en plus sceptiques face aux aventures militaires américaines menées sous la bannière de l’OTAN. Ils se sont mis à adopter des positions de plus en plus indépendantes vis-à-vis de l’Amérique. Rappelons-nous, au moment de l’invasion américaine de l’Irak, quand le ministre de la Défense Donald Rumsfeld déclarait que les États-Unis préféraient traiter avec « new Europe » plutôt qu’avec « old Europe ». 

L’absence d’un ennemi commun avait créé une situation géopolitique nouvelle se caractérisant par une moindre cohésion du bloc euro-atlantique. Les divergences, qui se sont révélées à l’occasion de la guerre en Irak, ont créé une « nouvelle ambiance » dans les relations Washington-Europe – notamment Washington-Bruxelles, Washington-Paris et Washington-Berlin. L’écart n’a ensuite plus cessé de se creuser. Les Européens sont par exemple passés outre l’opposition d’abord ouverte de Washington, puis presque hostile sous Trump I, à l’élargissement de la coopération de l’Europe avec la Russie dans le domaine énergétique. Washington en a conçu de la frustration, surtout le camp conservateur. En un sens, le discours de J.D. Vance à Munich a marqué le point culminant de cette irritation. La traduction concrète en est l’actuelle tentative de Washington de reconfigurer le système de sécurité européen – sans la participation des Européens. La logique est simple : l’Europe n’a pas pris au sérieux les avertissements réitérés des États-Unis, elle n’a pas voulu consacrer plus d’attention à sa sécurité. Maintenant Washington s’en lave les mains, comme Ponce Pilate. En réalité, Trump n’a pas fondamentalement modifié la politique américaine vis-à-vis de l’Europe. Il en a simplement changé le ton. 

Si l’on met à l’écart les émotions, il s’agit d’une chance pour l’Europe de se débarrasser de la tutelle des États-Unis et de devenir plus indépendante sur la scène internationale. Plus libre et indépendante, l’Europe pourrait refuser de suivre les Américains dans leur confrontation avec la Chine. Elle pourrait aussi chercher un accord avec l’Iran. Mais cela nécessite de faire preuve de cohérence : on ne peut pas en même temps attendre des faveurs de Washington dans le domaine de la défense et prendre des distances avec les États-Unis quand leur politique contrarie les intérêts européens.

Vis-à-vis du conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine depuis 2014, le texte fait également des constats sévères : « L’administration Trump se trouve en désaccord avec des responsables européens qui nourrissent des attentes irréalistes quant à la guerre, s’appuyant sur des gouvernements minoritaires instables, dont beaucoup piétinent les principes fondamentaux de la démocratie pour réprimer l’opposition. Une large majorité européenne souhaite la paix, mais ce désir ne se traduit pas dans les politiques, en grande partie en raison de la subversion de processus démocratiques par ces gouvernements. » Comment pensez-vous que cela va se traduire dans les semaines et les mois à venir, sachant que le document précise qu’« il est dans l’intérêt fondamental des États-Unis de négocier une cessation rapide des hostilités en Ukraine, afin de stabiliser les économies européennes, d’éviter une escalade ou une extension involontaire de la guerre, et de rétablir une stabilité stratégique avec la Russie, ainsi que de permettre la reconstruction de l’Ukraine après les hostilités, afin d’assurer sa survie en tant qu’État viable. »

Il faut distinguer ce que dit l’administration Trump et ce qu’elle fait. La rhétorique ne reflète pas obligatoirement, voire pas du tout, les véritables intentions. Quand les États-Unis déclarent qu’ils sont préoccupés par la guerre et qu’ils déplorent les morts qu’elle cause, il faut en revenir aux faits. Aujourd’hui, les grands perdants de cette guerre sont avant tout l’Ukraine et la Russie, ainsi que l’Europe. Le système de sécurité renversé, les liens économiques détruits, l’approvisionnement énergétique européen anéanti… Tout cela aura des conséquences de longue portée. Mais qui sont les gagnants ? Les États-Unis, ainsi que la Chine, qui a désormais un accès illimité aux ressources naturelles et au marché intérieur de la Russie. 

L’Europe doit reprendre l’initiative et devenir le promoteur principal des négociations destinées à mettre fin à ce conflit. Car c’est l’Europe qui a été le partenaire privilégié de la Russie au cours de ces vingt dernières années. Pas les États-Unis. C’est l’Europe qui a été le principal acheteur du gaz russe. C’est l’Europe qui s’est montrée ouverte et compréhensive à l’égard des intérêts russes. C’est l’Europe, notamment la France et l’Allemagne, qui a été le principal médiateur entre la Russie et l’Ukraine quand le conflit a débuté en 2014. Mais c’est aussi l’Europe qui a préféré ne pas entendre les avertissements américains. C’est l’Europe qui a préféré détourner les yeux et continuer « business as usual », en espérant que la situation s’arrange d’elle-même. Tout cela malgré des signaux de plus en plus alarmants qui arrivaient de Moscou et des avertissements de Washington, y compris de la première administration Trump (2017-2021). 

Aujourd’hui, les Européens se plaignent que les Américains les ont écartés du dialogue avec Moscou et qu’ils sont en train d’élaborer des solutions qui leur seront imposées sans tenir compte de leurs intérêts. Il n’est pourtant pas encore trop tard. Les Européens peuvent et doivent reprendre le rôle principal dans les négociations avec Moscou. Ne sont-ils pas mieux placés que les agents immobiliers de la famille Trump pour trouver des solutions diplomatiques qui garantissent la sécurité du continent et restaurent l’équilibre des intérêts ? Ce n’est qu’une question de volonté.

Dans sa nouvelle doctrine stratégique, l’administration Trump fait le constat que, « aujourd’hui, des entreprises chimiques allemandes construisent certaines des plus grandes usines de transformation au monde en Chine, utilisant du gaz russe qu’elles ne peuvent plus obtenir chez elles. » Dans le même temps, le journaliste allemand Patrik Baab a indiqué qu’un des sujets discutés par Steve Witkoff et Jared Kushner à Moscou a été la réouverture des gazoducs Nord Stream. Vous qui êtes à la fois un spécialiste des relations internationales et des infrastructures énergétiques, pensez-vous que les Américains pourraient pousser l’Allemagne dans cette voie, ne serait-ce que pour tenter de l’éloigner de la Chine ? Ce serait aussi un moyen de « réarrimer », autant que faire se peut, la Russie au bloc occidental.

Politiquement, l’Europe a renoncé à toute dissidence. Elle se déclare désormais prête à suivre docilement, pourvu qu’elle ne soit pas laissée seule face à la menace russe, même si cette menace n’a rien d’évident… Économiquement, Washington a obtenu ce qu’il demandait en vain depuis des années : le marché européen des hydrocarbures. L’Europe achète maintenant le GNL américain, bien qu’il soit trois fois plus cher que le gaz russe acheminé par gazoduc. De plus, l’Europe achète en grande quantité des armes américaines pour les donner aux Ukrainiens. Autrement dit, les contribuables européens financent l’industrie militaire des États-Unis ! C’est un vieux rêve américain qui se réalise.

Dans cette situation, est-ce que Washington a vraiment un intérêt à la cessation des hostilités et à un règlement du conflit ? Ceux qui connaissent l’approche purement pragmatique des Américains devinent la réponse… De même, quel serait l’intérêt des Américains à la réouverture de Nord Stream ? Il n’existe tout simplement pas. Les promesses des Américains aux Russes et aux Ukrainiens ne sont que des chants de sirènes. Pensons aux projets de développement de la zone arctique, y compris la construction d’un tunnel entre l’Alaska, région peu peuplée, et le nord de la Sibérie, pas peuplé du tout. On voit mal à quoi il servirait, à part peut-être à faciliter la migration des ours blancs…

Tout cela est de mauvais augure pour l’Europe…

Cela dépend de la manière dont on voit les choses. Comme je le disais, cette situation peut être une chance pour les Européens de s’émanciper de la tutelle américaine et de défendre leurs propres intérêts. Prenons l’exemple de la Chine. Depuis assez longtemps, les États-Unis sont irrités par le fait que l’Europe développe des liens avec ce grand pays. Pour les Américains, c’est à eux et à eux seuls que revient le droit d’entretenir des relations économiques profitables avec la Chine, puisque ce sont eux – l’administration Nixon/Kissinger, précisément – qui l’ont ouverte au monde occidental. À l’époque, les relations privilégiées avec la Chine revêtaient une importance particulière dans le cadre de la confrontation globale avec le système communiste soviétique. Kissinger pensait qu’il valait mieux, pour les États-Unis, être proches soit de Moscou, soit de Pékin, que Moscou et Pékin ne le soient l’un de l’autre. C’était ce qu’on appelle la « diplomatie triangulaire ».  Aujourd’hui, la Chine est devenue un rival des États-Unis qui suivent d’un regard jaloux la coopération de ses alliés occidentaux avec elle. Or c’est l’intérêt de l’Europe de développer ses liens avec la Chine, qui est son premier partenaire commercial pour les échanges totaux (importations + exportations). Rompre tout lien économique avec la Chine pour complaire aux Américains aurait des conséquences négatives pour l’Europe.  

Comment pensez-vous que va évoluer la relation transatlantique dans les années à venir ?

On assiste aujourd’hui à une crise de la relation euro-atlantique. Cette crise trouve son origine dans l’irritation des Américains vis-à-vis des Européens, irritation qui n’a cessé de croître au cours des deux dernières décennies. Pour autant, il serait exagéré de dire que cette relation est morte. On assiste plutôt à une reconfiguration globale : le « monde occidental » est entré dans un moment très important de son existence, puisque la question même de sa signification se pose…  Ce qu’on appelle le « monde occidental » est né dans le contexte spécifique de la guerre froide. C’est la confrontation idéologique avec l’Union soviétique qui a forgé son unité. Avec la fin de l’Union soviétique, cette unité a largement disparu et donc, avec elle, la pertinence de la notion de « monde occidental ». Certes l’Occident est toujours dominé par l’idéologie du libéralisme, mais ce dernier a pris des formes très diverses – voire divergentes. C’est ce que souligne le discours de J.D. Vance à Munich ou la nouvelle doctrine stratégique américaine.  La question est donc de savoir si ces divergences idéologiques vont conduire à une rupture. 

Pour ma part, je pense qu’elles sont moins importantes que les motivations pragmatiques. Le futur de l’euro-atlantisme va dépendre de la vision des Européens et des Américains de leurs intérêts économiques et sécuritaires. L’Union européenne pourrait faire le choix de rester inféodée aux États-Unis pour continuer de bénéficier de leur protection, mais on ne peut pas non plus exclure qu’elle décide d’assumer sa propre sécurité. Dans l’histoire récente, en pleine guerre froide, la France de Charles de Gaulle a pris des distances avec l’OTAN, en se retirant du commandement intégré, sans que cela nuise à sa sécurité. Ce faisant, elle a retrouvé une place digne d’elle parmi les puissances les plus importantes du monde. Ce pourrait être un exemple inspirant pour l’Europe.

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