En 2025, l’excédent commercial de la Chine avec l’Union européenne s’approche de très près du seuil des 300 milliards de dollars. Les exportations chinoises vers l’UE dépassent aujourd’hui plus du double des importations, et cet écart continue de se creuser. Cette situation s’explique par le fait que les producteurs chinois redirigent activement vers l’Europe des marchandises auparavant destinées au marché américain et désormais soumises aux restrictions tarifaires imposées par les États-Unis.

L’industrie européenne sous pression
En 2019 encore, la Chine affichait un déficit commercial avec la principale économie européenne d’environ 25 milliards de dollars. Toutefois, au cours des onze premiers mois de l’année en cours, la situation s’est radicalement inversée : la balance s’est transformée en un excédent d’environ 23 milliards de dollars par mois, principalement en raison d’une forte baisse des importations européennes en provenance de Chine et d’une expansion agressive des exportations chinoises.
La réaction politique en Europe devient de plus en plus ferme. Le président français Emmanuel Macron a qualifié sans détour le déséquilibre commercial avec la Chine d’« insoutenable », soulignant qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort pour l’industrie européenne. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a tenu un discours similaire en affirmant que les relations entre l’UE et la Chine avaient atteint un point de bascule. Les produits chinois, de l’électronique à l’automobile, évinceraient les secteurs traditionnels européens, en particulier la construction mécanique et l’industrie automobile, privant l’Union non seulement d’emplois, mais aussi de souveraineté technologique.
L’exemple du Mexique
Le Mexique constitue l’un des exemples les plus révélateurs. En 2025, le pays a approuvé des droits de douane pouvant atteindre 50 % sur les automobiles chinoises ainsi que sur environ 1 400 autres catégories de produits, allant des baskets aux fours à micro-ondes. Ce nouveau taux, plus de deux fois supérieur aux droits précédents de 15 à 20 %, correspond au maximum autorisé par les règles de l’OMC. Officiellement, les mesures concernent un large éventail de marchandises, mais le principal impact vise clairement l’industrie automobile chinoise. Selon les données officielles, les produits chinois représentent environ 20 % de l’ensemble des importations mexicaines, et en novembre, une voiture sur cinq vendue dans le pays était fabriquée en Chine. Au cours du premier semestre de l’année, le Mexique est même devenu le premier acheteur mondial de véhicules chinois.

La réponse européenne à la montée des exportations chinoises
L’Europe dispose toutefois, contrairement au Mexique, d’une autre option pour faire face à la poussée des exportations chinoises : le rétablissement des relations économiques sur le flanc oriental. En 2019, le commerce extérieur entre l’UE et la Russie atteignait 277,8 milliards de dollars, avec un excédent russe très limité, de seulement 4,8 milliards de dollars sur l’année, et ce déjà dans un contexte de sanctions. En 2013, avant les sanctions, le volume des échanges entre l’UE et la Russie dépassait 410 milliards de dollars, l’Europe représentant alors près de la moitié du commerce extérieur total de la Fédération de Russie. À cela s’ajoutait un commerce avec la Biélorussie d’environ 16 milliards de dollars.
Il convient également de prendre en compte les échanges entre l’UE et l’Ukraine : en 2013, leur volume atteignait 140 milliards de dollars, dont 77 milliards correspondaient aux importations de produits européens. En 2024, ce chiffre est tombé à 60 milliards de dollars, ce qui signifie que l’Europe a perdu environ 80 milliards de dollars de chiffre d’affaires commercial.
Au total, les exportations des pays européens vers la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine, à l’époque de relations normales, atteignaient environ 300 milliards de dollars par an. En tenant compte de l’inflation du dollar, cela représenterait aujourd’hui plus de 350 milliards de dollars, un montant comparable au déficit commercial actuel de l’Union européenne avec la Chine.