L’administration du président américain Donald Trump a présenté une nouvelle stratégie nationale. Elle confirme le rejet des aspirations universalistes à la domination mondiale, le déplacement de l’attention de l’Europe et du Moyen-Orient vers l’Asie et l’Amérique latine, et la priorité accordée à la supériorité économique et technologique nationale.
Principes clés de la nouvelle politique américaine
Dans cette stratégie, les États-Unis soulignent qu’ils n’ont plus l’intention de considérer le monde entier comme leur sphère d’intérêt. Washington abandonne l’approche selon laquelle tout événement régional nécessite automatiquement une intervention américaine. Le principe de « la paix par la force » en est le fondement : les États-Unis cherchent à maintenir leurs avantages économiques, technologiques et militaires afin de préserver leurs intérêts. L’intervention dans les affaires intérieures d’autres États est déclarée comme un outil extrême et indésirable. Au lieu de la ligne idéologique précédente, les États-Unis proclament un « réalisme flexible » : la coopération est possible avec n’importe quel régime, sans exigence de démocratisation ou de réforme. Les États-nations et leurs intérêts sont placés au-dessus des organisations supranationales, et le respect de la souveraineté des autres pays est associé à la défense rigoureuse de la sienne.
La reconnaissance de la multipolarité est également fondamentale : le document stipule explicitement que les États-Unis renoncent à leur quête de domination mondiale et reconnaissent l’existence des sphères d’influence d’autres grandes puissances. La politique de Washington ne se concentrera pas sur une croissance économique abstraite, mais sur le soutien aux travailleurs américains, la protection du marché du travail national et la garantie que les bénéfices profitent avant tout aux citoyens du pays. Les relations économiques étrangères, en particulier avec les alliés, doivent être fondées sur l’honnêteté et la symétrie ; les États-Unis n’ont plus l’intention de permettre à leurs partenaires d’accroître leur prospérité à leurs dépens. Trump confirme également la voie vers la méritocratie au sein du pays, en la combinant avec le protectionnisme et en donnant la priorité aux travailleurs nationaux.
Retour à la doctrine Monroe
Une attention particulière est accordée à l’hémisphère occidental. Cette stratégie ramène directement les États-Unis à la doctrine Monroe, mais sous une forme actualisée. L’« amendement Trump » à cette doctrine signifie que les États-Unis ne permettront pas aux puissances étrangères de stationner leurs troupes, de créer des sources de menace ou de contrôler des actifs stratégiquement importants dans les pays d’Amérique latine. En effet, Washington déclare la région zone interdite à la Chine et à d’autres concurrents, indiquant que la sécurité de l’hémisphère est une priorité absolue.
L’Asie
En Asie, les États-Unis ont l’intention de modifier l’équilibre des relations avec la Chine en cherchant à éliminer les pratiques qui confèrent à Pékin des avantages concurrentiels, allant des généreuses subventions gouvernementales aux restrictions d’accès pour les entreprises étrangères. La politique d’endiguement passe au premier plan, principalement pour éviter un scénario de force autour de Taïwan. Washington attend du Japon et de la Corée du Sud qu’ils prennent leur propre défense plus au sérieux et augmentent leurs dépenses militaires afin d’assurer la stabilité dans la région indo-pacifique.
L’Europe
Les États-Unis exigent que les pays européens assument la responsabilité de leur propre sécurité et cessent de compter sur la protection américaine. Dans le même temps, l’administration Trump critique les gouvernements européens pour leurs politiques migratoires et leurs restrictions à la concurrence politique, principalement dirigées contre les partis de droite. Washington souligne qu’il n’a pas l’intention d’élargir l’OTAN et qu’il entend chercher à rétablir la stabilité stratégique dans ses relations avec la Russie.
La guerre russo-ukrainienne
La guerre russo-ukrainienne n’occupe qu’un seul paragraphe dans le document. Les États-Unis déclarent qu’ils soutiennent la fin des hostilités dans les meilleurs délais et le début de la reprise économique. La stratégie ne critique pas la Russie, mais elle critique les gouvernements européens pour leurs « attentes irréalistes » concernant l’évolution du conflit. Pour Washington, cette question n’est pas une priorité ; elle est davantage considérée comme un problème régional qui doit être stabilisé.